Le jour de la comunne              (Berthold Brecht)

Le jour de la commune

Résolution

1

Considérant notre état de faiblesse Vous forgiez des lois pour nous brimer. A vos lois nous cessons de nous soumettre, Considérant qu'il nous faut la liberté. Considérant que dès lors nous menacent La mitraille et le canon des forts, Nous décidons de craindre d'avantage La misère que la mort.

2

Considérant que nous souffrons famine Si par vous nous nous laissons voler, Nous nous voyons séparés par les vitres. De ce pain blanc dont nous devons nous priver. Considérons que dès lors nous menacent La mitraille et le canon des forts, Nous décidons de craindre d'avantage La misère que la mort.

3

Considérant ces maisons qui se dressent Et que vous nous laissez sans abri, Nous décidons de nous rendre maîtres: Nous en avons plus qu'assez de nos taudis, Considérant que dès lors nous menacent La mitraille et le canon des forts, Nous décidons de craindre d'avantage La misère que la mort.

4

Considérant, alors que surabonde Le charbon, que sans feu nous gelons, Nous décidons que nous irons le prendre Considérant que chez nous il fera bon. Considérant que dès lors nous menacent La mitraille et le canon des forts, Nous décidons de craindre d'avantage La misère que la mort.

5

Considérant qu'il vous est impossible De payer des salaires décents, Nous allons prendre en nos mains les usines: Vous en moins, c'est pour nos biens suffisant. Considérant que dès lors nous menacent La mitraille et le canon des forts, Nous décidons de craindre d'avantage La misère que la mort.

6

Considérant qu'indignes de confiance Sont les promesses de nos gouvernants, Nous décidons de bâtir l'existence Meilleure, et d'en prendre la direction Considérant que dès lors nous menacent La mitraille et le canon des forts Nous décidons de craindre d'avantage La misère que la mort.

Page est preparée par Le Bureau Français "Résistance", camarade Raymonda et monsieur Le Général de Vargasse